Une envie de décrochage |Harry|

Le matin même, Harry s'était levé avec la ferme intention de passer au Square Grimmaurd. Il se sentait déja suffisamment honteux de ne pas y être allé depuis... une semaine, en vérité. Mais la première personne à laquelle il avait pensé en se levant était son cher parrain. Un sourire s'était alors doucement dessiné sur le visage du Survivant. À chaque fois qu'il y songeait, il avait de la peine à croire que Sirius avait enfin été innocenté. Lui qui n'avait pas pu profiter de la liberté pendant de si longues années, voila qu'il était officiellement un homme libre. Il n'avait désormais plus à se cacher... à se terrer dans la maison de son enfance qu'il avait tant haïe, bien qu'il y vivait encore.

Ainsi, peu après avoir englouti son petit-déjeuner, car englouti était bien le mot, il se rua dans les Rues de Londres pour se diriger vers le Square. Il connaissait la route par coeur, et n'avait même plus besoin de faire attention où il marchait. Que son parrain soit enfin innocent était sans doute la plus belle nouvelle ces temps-ci, et elle compensait toutes les dramatiques conséquences qu'avait eue la guerre cette année-là. Mais à cet instant, un aboiement tira le jeune homme de ses pensées. Alerté, il regarda autour de lui. Bien entendu, il avait aussitôt songé à Padfoot, et s'était attendu à voir un grand chien noir... Mais ce n'était pas le cas. Il s'agissait d'un gros chien, certes, mais il n'avait strictement rien à voir avec son parrain. Il passa donc son chemin, ne gardant pas plus longtemps son regard fixé sur l'animal.

Quelques minutes plus tard, arrivé en haut des quelques marches qui menait à la porte d'entrée cachée du numéro 12 du Square Grimmaurd, Harry hésita à frapper. Sirius lui avait déjà dit d'éviter, et que sa porte serait toujours ouverte pour lui. C'est pourquoi il saisit la poignée et ouvrit timidement la porte. À l'intérieur, il y avait la même odeur de moisi. Pauvre Sirius ! Dire qu'il avait du vivre là-dedans tant de temps. Il avait eu beau essayé d'égayer l'intérieur, Kreattur s'était toujours arrangé pour que tout reste finalement... déprimant.
Et justement, à l'instant où le Survivant entra, refermant la porte derrière lui, il s'empêcha de plaquer les mains sur ses oreilles. La mère de son parrain faisait encore des siennes, hurlant des injures qui faisaient presque pâlir Harry. Il demanda alors en couvrant à peine les cris de Mrs. Black.

Euh... Sirius ?

Machinalement, il se dirigea vers le portrait qui hurlait. Il devait sûrement s'y trouver. Et c'était le cas. En le voyant, Harry sentit son sourire zébrer son visage jusqu'aux deux oreilles, et sur un geste impulsif, il se jeta dans les bras de son parrain, la seule personne qu'il pouvait encore considérer comme sa famille.

Malgré les cris insupportables de Mrs. Black, Harry n'avait pu s'empêcher d'avoir un geste affectif envers son parrain. Le jeune homme savait à quel point il pouvait se sentir seul dans cette grande et froide maison, même si maintenant, il avait la possibilité de sortir de chez lui. Il savait bien également à quel point la vie ici devait être un enfer, avec Kreattur et un tel portrait pour seule compagnie. Harry aussi habitait seul. Ce n'était pas toujours drôle, mais il compensait cette solitude en sortant, en allant voir ses amis. Et puis, il fallait aussi dire qu'il recevait beaucoup de visites de la part de Ron et de Hermione. On ne pouvait donc pas dire qu'il était seul. Contrairement à Sirius...

Sirius qui un instant auparavant ne devait sûrement pas sourire comme il l'avait fait en voyant son filleul. Et c'était compréhensible, les cris de sa mère avait redoublé depuis que l'autre était apparu dans la pièce, mais la joie qu'avait éprouvé Harry depuis cet instant ne s'était pas atténuée pour autant. Et son parrain y remédia rapidement d'un coup de baguette. Les cris étaient à présent étouffés et on pouvait maintenant entendre que des gémissements à peine audibles.

Pendant un instant, Harry soupira de soulagement, en jetant un coup d'oeil en biais aux rideaux écarlates qui masquaient l'affreux portrait. Mais il ne s'y attarda pas et il reporta rapidement son attention vers son parrain qui l'entraînait dans la cuisine. Ce dernier lui dit alors qu'il était content de le voir. Le sourire du Survivant s'élargit légèrement. Il répondit aussitôt, l'air en effet ravi lui aussi:

Moi aussi... Je suis toujours content de venir te voir.

Même si cette maison n'était pas l'endroit rêvé pour une telle conversation, c'était vrai. Et Harry savait que Sirius avait toujours voulu sans débarasser, mais c'était difficile pour l'Ordre qui se servait de cette demeure comme Quartier Général. Ordre dont faisait maintenant partie le Survivant depuis quelques mois. Mais se préoccupant tout de même du bien-être de Sirius, il lui demanda bien qu'il se doutait de la réponse:

Comment vas-tu depuis la semaine dernière ? J'aurais aimé venir un peu plus tôt, je suis désolé.

Et il l'était vraiment. Ce n'était pas la peine de mentir, mais il se promit que dorénavant, il passerait plus souvent voir Sirius.

Harry regardait son parrain avec un sourire doux aux lèvres, un sourire qu'il aurait plutôt emprunté à sa mère plutôt qu'à son père. Il était tout de même heureux pour Sirius, lui qui désormais n'était plus emprisonné dans cette horrible maison. Il pouvait se dégourdir les jambes... Et les pattes ? Depuis combien de temps ne s'était-il pas transformé ? ça devait sûrement lui manquer... Surtout que maintenant, il n'y avait plus les Maraudeurs pour le suivre. Harry eut alors un petit pincement au coeur. Les nuits de pleines lunes ne se faisaient désormais sans cerf, sans rat, sans loup-garou... Une des seules personnes qui pouvaient le rattacher à la joie de vivre était... lui-même en fait. Et en songeant à ces longues nuits qu'avaient passées les Maraudeurs, il se demanda ce que cela faisait, d'être animagus. Bien entendu, il se demanda immédiatement qu'elle serait sa forme. Et si c'était un volatile ? Ce serait une toute autre manière de voler... Le regard un instant rêveur, il s'imagina sous la forme d'un aigle royal, volant au-dessus de toutes sortes de paysages magnifiques. Mais il revint rapidement à la réalité. Sirius venait justement de lui dire que ce n'était rien, et qu'il espérait qu'il resterait. Le sourire de Harry s'élargit, et il répondit avec un ton enthousiaste:

Si, je reste. Je n'ai rien à faire de la journée, et je me suis dit que du coup, je pourrais la passer avec toi...


En disant cela, Harry s'enchantait lui-même. Seulement, lorsque Sirius avait dit "un peu" le Survivant espérait que son parrain n'avait rien à faire plus tard, et qu'il n'aurait pas à partir si tôt. Mais pour le moment, se m'étant à son aise, il contourna la table et s'assit à la chaise située en face de celle devant laquelle Sirius était. Ce dernier lui racontait ce qu'il avait fait, et le Survivant hochait vaguement la tête en l'écoutant. Quand il lui demanda de ses nouvelles à lui, et lui dit en passant que Luna était passé. Harry fut surpris. Il répondit:

Luna ? Ah bon ? Je me demande ce qu'elle me veut... Enfin... Sinon pour moi, la semaine a été tranquille. Pour tout te dire, je m'ennuie un peu parfois. Ron et Hermione me rende visite, et Ginny aussi... mais bon... Poudlard me manque. C'est bizarre de ne plus y retourner... Même dans l'état où il se trouve.

Et oui... C'était fini. Définitivement fini. Mais au lieu d'avoir une mine désolée, il eut un petit sourire à l'intention de Sirius, il n'avait aucune envie de lui rabattre le moral, lui qui ne devait pas être extrêmement heureux ici.

{i]Prenant ses aises, Harry posa sa tête dans sa main, le coude sur la table. Il adorait passer du temps avec Sirius et lorsque ce dernier lui demanda s'il avait envie de faire quelque chose de précis, le Survivant songea instantanément à la chambre de son parrain. Cette chambre dans laquelle il avait avait tant voulu montrer sa différence avec sa famille... Curieusement, Harry ne l'avait découvert que l'année dernière, lorsqu'il avait demandé au seul "membre" de sa famille de le lui montrer. Depuis, il n'y était pas retourné souvent, sans trop savoir pourquoi... Et dans cette chambre, il savait qu'il y avait des tas d'indices sur ses parents, et sur l'époque dans laquelle ils vivaient. Il fut alors tenté de demander à Sirius d'y monter, mais n'osa pas immédiatement. Sans trop savoir pourquoi, il se dit que peut-être ce serait "violer" son intimité... Non pas qu'il refuserait, mais peut-être serait-il embarassé de montrer ainsi son passé et peut-être même le revivre par la même occasion. Ce n'était pas le but du jeune homme, il ne voulait en aucun cas voir le regard de son parrain s'assombrir en repensant à tant de choses. Cependant, il en avait très envie, et finalement, d'une voix timide, il demanda:[/i]

Euh... Je me demandais si tu voudrais bien qu'on aille dans ta chambre ?

Après tout, cette chambre était la pièce la plus "lumineuse" et gaie de la maison, mais une fois de plus, Harry ne voulait pas voir le sourire de Sirius s'effacer légèrement. Sirius s'assit alors en face de son filleul qui, avec un sourire aux lèvres, ajouta au sujet de Luna:

Oui, elle est assez spéciale. Mais je l'aime beaucoup, Elle a perdu sa mère assez tôt donc on a sympathisé en parlant de nos familles. Elle était la seule avec moi à voir les Sombrals...

L'espace d'un instant, Harry eut le regard dans le vague. Il se souvenait de ses immenses créatures qu'ils avaient pris pour voler jusqu'au Ministère de la Magie, lors de leur cinquième année. Et lorsque Sirius parla justement de Poudlard, le Survivant le regarda gravement en hochant la tête.

Oui... Et puis on y retournera peut-être, pour des raisons moins grave qu'une attaque de Mangemorts, enfin tu as raison... le Professeur McGonagall a une volonté d'enfer...

Harry n'était pas encore habitué à oublier le "Professeur" derrière le McGonagall, mais comme pour Remus, il se dit que ça allait passer au fil du temps...

Bien qu'il avait toujours le sourire accroché aux lèvres, Harry se sentait plutôt embarassé de demander une telle chose à Sirius... Et sa réponse ne l'avait pas vraiment soulagé. Se tortillant nerveusement sur sa chaise, il n'avait aucune envie de voir le sourire de son parrain s'effacer s'ils entraient dans sa chambre. Ainsi, lorsque ce dernier lui demanda "Pourquoi", Harry hésita de nouveau. Il n'avait pas non plus envie de demander à Sirius de replonger dans des souvenirs à la fois heureux et douloureux pour lui raconter son passé. En même temps, c'était la seule personne qui le rattachait à ses parents... Celui qu'il pouvait le plus considérer comme un père qu'il n'avait jamais eu. Mais il n'avais jamais vraiment osé lui demander des détails sur leur vie à Poudlard ou encore après. Tout ce qu'il savait, il l'avait vu dans la Pensine de Rogue par accident, et il le leur avait raconté, à Remus et lui. Et aussi cette fois, quelques mois auparavant ou une fois encore, il était tombé dans la Pensine de son ancien Professeur. D'ailleurs, il n'avait pas encore dit à son parrain ce qu'il y avait vu. Pour une fois... En y repensant, il se promit de le lui révéler.

Mais pour le moment, il se contenta de suivre Sirius du regard, alors qu'il contournait la table pour s'y asseoir près de lui. Harry eut un léger sourire gêné et répondit:

Eh bien... Je sais que tu as gardé beaucoup de choses sur mes parents, et finalement je me rends compte que j'en sais assez peu sur vous. Mais je ne veux pas que tu te fasses du mal en les revoyant. Donc si tu refuses, ça ne fait rien.

Et en levant la tête pour le regarder, son sourire s'élargit légèrement. Bien qu'il craignait que la réponse soit négative, il souriait ainsi pour montrer qu'un refus ne serait pas une si grande source de déception pour lui. Puis il n'avait pas envie de voir la mine attristée de son parrain. Il préferait faire autre chose du moment qu'il sourit plutôt que l'inverse. De toute façon, il était là pour passer du bon temps avec lui, et lui tenir compagnie.

Harry hocha alors la tête lorsque Sirius murmura que la reconstruction de Poudlard générerait beaucoup de plaisir. C'était une évidence, et il se surprit à penser avec un certain dégoût qu'il avait été chanceux d'avoir fini ses études justement à cette période. Il eut une grimace qui ne dura qu'une quart de seconde en se rendant compte de ce qu'il s'était dit, puis il revint au sujet principal...

Harry attendit quelques secondes de plus avec un certain malaise sur le visage, même si le sourire qu'il avait au coin des lèvres montrait le contraire. Mais au final, la réponse fut positive. Harry se passa sans s'en rendre compte la main dans les cheveux. Non pas pour les ébouriffer plus, comme le faisait si bien son père. C'était seulement pour cacher qu'il était soulagé d'une telle réponse.

Puis il reporta son regard sur son parrain. Le sourire du Survivant s'était à présent élargi, visiblement ravi. D'une part parce qu'il allait en apprendre encore plus sur ses parents, d'autre part parce qu'il allait passer cette journée avec Sirius qui venait de lui dire que sa chambre n'en serait que plus gaie si Harry y entrait. Ces dernières paroles allèrent droit au coeur de ce dernier, et il s'en voulut intérieurement de ne pas être un peu plus présent dans la vie de son parrain qui devait se sentir bien seul. Il se promit alors de revenir au Square Grimmaurd bien plus qu'il ne le faisait déjà, en dehors des réunions de l'Ordre du Phénix.
Ainsi, il se leva doucement de sa chaise, la faisant grincer sur le parquet. Murmurant au passage un "merci" enthousiaste à l'attention de Sirius, il avait à présent l'intention de faire passer à son parrain une journée agréable même si, comme il l'avait dit, sa présence le ravissait déjà. Il s'avança alors jusqu'à l'encadrement de la porte, puis laissa Sirius passer devant, histoire de le suivre (HJ: J'avance un peu, désolée, sinon ça prendra le temps d'un message en plus >.>).

Lorsqu'ils marchaient dans les couloirs, Harry tournait machinalement le regard vers les têtes d'elfes de maisons décapités qui étaient à présent affichés en guise de trophées. L'expression présente sur le visage de chacun d'eux faisaient froid dans le dos. Visiblement, leur vie d'esclave n'avait jamais dû être facile pour eux, surtout s'ils étaient sous les ordres de la famille Black. Le Survivant eut alors une pensée pour Dobby. Il était peut-être mort, mais il avait eu une vie d'elfe libre, celle qu'il avait toujours recherché. Un petit sourire triste se dessina sur les lèvres du jeune garçon en y pensant. Il était mort heureux, au moins. Et puis, Hermione et même Ron s'étaient durement attelés à la libération de ces elfes. Une nouvelle S.A.L.E... Puis ils arrivèrent enfin devant la chambre de Sirius. Rien que la porte intriguait Harry. La pièce située derrière regorgeait tellement d'indices sur ses parents... Des indices et des souvenirs qu'il serait si heureux de partager avec son parrain... Une fois de plus, son sourire restait accroché à ses lèvres, et il souffla avant d'entrer:

Je suis heureux d'être là...

Il l'avait dit le regard rivé sur Sirius, comme pour lui assurer qu'il était véritablement content d'être là, malgré le fait que la maison soit aussi sinistre.

Harry eut une légère moue amusée puis entra timidement, comme s'il pénétrait dans un sanctuaire sacré. C'était sûrement idiot de sa part, mais il était curieusement venu si peu de fois dans la chambre de son parrain que la pièce en elle-même était comme une relique. Et une fois de plus, son sourire s'élargit. Il jeta un coup d'oeil discret au Sirius qui venait de s'asseoir et qui se mettait à regarder la pièce, ou à l'observer lui, il ne savait pas bien. Il se mit alors à marcher dans la pièce, entendant ses propres pas crisser sur le plancher.

Il s'approcha alors des murs. Ces derniers étaient recouverts d'un papier peint pratiquement invisible puisqu'il était masqué par une bonne couche d'affiches moldues, dont les personnes ne bougeaient pas... Et puis, il y avait ces blasons de Gryffondor. Cette pièce n'avait décidément rien à voir avec le reste de la demeure... Quiconque entrait là pouvait remarquer que Sirius avait clairement voulu annoncer sa différence avec sa famille étant plus jeune... Du bout des doigts, le Survivant effleura les affiches ternies par le temps. Pour la plupart, elles représentaient des femmes, ce qui arracha un sourire amusé au jeune homme... Continuant de marcher dans la pièce, il se retrouva près du lit de son parrain. Mais ce qui attira son regard était cette photo qu'il ne se lassait de regarder, peut-être une des seules photographies sorcières mise en évidence dans la pièce. Tendant la main vers elle, il la prit doucement dans sa main, avec des gestes très tendres, comme s'il avait peur qu'elle ne fonde sous ses doigts s'il forçait trop sur son emprise. Elle représentait les Maraudeurs... Ces quatre garçons inséparables et insouciants. Sauf qu'une tête manquait.... Celle de l'élève situé tout à gauche. Harry se douta qu'il s'agissait de Pettigrow... Sirius n'aurait pas pu vivre avec une photo de ce traître dans sa chambre, c'était une certitude. Il avait effacé un peu de la même manière que son parrain lui-même avait été retiré de son arbre généalogique: à l'endroit du visage demeurait une trace comme une brûlure de cigarette.
Il ne restait donc que quatre jeunes hommes, chacun avec un visage rayonnant. Bien qu'il le savait déjà, il put de nouveau vérifier qu'en effet, il était la copie conforme de son père. Sirius, situé à sa droite, avait sur le visage un air d'insouciance que son filleul n'avait encore jamais revu. C'était comme s'il n'y avait eu aucun problème dans sa vie d'adolescent, ce qui n'était pas le cas... À cet âge-là déjà, il avait eu quelques ennuis. Puis, aussi soigneusement qu'il l'avait pris, Harry remit la photo à sa place.

Puis il se tourna vers l'homme qu'il venait de voir plus jeune. Ce dernier l'observait. Harry lui dédia alors son sourire le plus ravi et se sentit alors un peu idiot de ne rien trouver à dire. Mais il se remit tout de même à puis à marcher avec un pas certes un peu rêveur, quand il sentit une latte craquer sous sa chaussure. Craquer anormalement, un peu comme celle qu'il avait dans sa chambre à Privet Drive. Il releva vivement la tête vers Sirius et lui demanda:

Tu caches quelque chose sous ce parquet ?

Pour Harry, cette pièce était plus qu'une simple chambre. C'était pratiquement un sanctuaire. Son parrain semblait y avoir si peu toucher depuis son adolescence que voir tant de souvenirs en évidence faisait instictivement sourire un peu plus le jeune homme. Il aurait été difficile de faire la même chose à Privet Drive, étant donné que le Survivant y était resté jusqu'à sa majorité et quavant justement, il ne pouvait pas utiliser la magie en dehors de Poudlard. Ce qui l'empêchait de rendre sa propre chambre plus "sorcière" comme il l'aurait voulu. De toute façon, aucun invité des Dursley's ne venaient dans sa chambre, c'était normal. Mais ne pouvant utiliser aucun sortilège de Glu Perpétuelle, il aurait été inutile d'essayer de décorer la pièce. Son oncle et sa tante auraient tout de suite tout décroché en son absence.
C'était aussi pour cette raison que la chambre de Sirius l'intriguait. C'était un sorcier qui avait finalement pu afficher sa différence. Bien sûr, Harry était déjà entré dans une chambre de sorcier, celle de Ron particulièrement d'ailleurs. Mais Ron restait Ron et même si Sirius était particulièrement insouciant à cette époque, d'après ce qu'il avait pu en voir, cette pièce restait pourtant différente. Et puis, il devait y avoir tant de lettres, de photos, d'indices. Car même s'il en savait pas mal sur ses parents, il avait depuis cette longtemps cette soif d'informations sur eux.

Ainsi, le jeune homme observait son parrain avec un air étrangement ravi, avant de retirer son pied de la lame de parquet qui revint dans sa position initiale dans un petit craquement. D'après Sirius, ce que se cachait dessous ne devait être que du vide, depuis que son frère avait découvert sa cachette... En l'espace d'un instant, Harry s'imagina la scène, en se référant à lui-même, et rendant équivalente une situation avec Dudley et son oncle. Il acquiesça lentement et murmura un "oh, je vois" avant de se remettre à faire le tour de la pièce, ce qui prit quelques secondes supplémentaires. Mais sentant toujours le regard observateur de son parrain, il revint vers le lit et se permit de s'y asseoir. Posant les mains sur les draps, de chaque côté de son corps, il reporta son regard vers Sirius, et lui demanda avec un léger sourire:

Au fait, tu as vu des gens de l'Ordre ? ça fait un petit bout de temps que je n'ai vu personne...

Et c'était vrai... Cette question avait beau être sortie tout seule, il était vrai qu'à part Ron et Hermione, il n'avait pas vu grand monde...

Attendant la réponse de Sirius, Harry baissa un instant la tête vers le drap sur lequel il s'était assis et relevant lentement le regard, il balaya de nouveau la pièce. L'espace d'un instant, il se demanda comment avait vécu son parrain adolescent, pendant les vacances par exemple. Avait-il autant de droits que lui ? Il fallait dire que le jeune homme n'avait pas vraiment vécu en tant que "traître" et même si son oncle et sa tante le haïssait, il le laissait faire certaines choses, du moment qu'il ne les ennuyait pas. Mais Harry se demandait ce qu'il en avait été pour Sirius, au coeur d'une famille au sang-pur, toute à Serpentard et adepte de magie noire. Et vu la fureur de Mrs. Black dans son tableau lorsque son fils passait devant elle, le Survivant songea que ce devait être pire pour son pauvre parrain... Mais il se demandait comment était son quotidien parmi des personnes pareilles.
Et plus il y pensait, plus il avait l'impression d'avoir été chanceux de ce côté-là. Il se revoyait lui-même plus jeune demandant à Hermione si elle n'avait lu nulle part que Poudlard pouvait garder les élèves durant les vacances d'été, tant elles étaient un calvaire pour lui. Tom Jedusor aussi était passé par là, Harry l'avait même vu dans la pensine de Dumbledore. Mais Sirius ? ll avait sûrement pensé à ça lui aussi et il était possible pour qu'il ait insisté à son tour. Et puis, c'était compréhensible, le Survivant aurait beau aller n'importe où dans le monde, l'Ecole de Poudlard resterait un endroit magique, le plus merveilleux dans lequel il ait pu mettre les pieds.

En y repensant, il eut un petit sourire rêveur sur le visage et se surprit à penser à un éventuel "lui" amenant ses futurs enfants à la Gare de King's Cross. Il en resta d'ailleurs un instant perplexe. Comment pouvait-il penser à ça ? Il avait à peine quitter le château qu'il pensait au moment où il y amènerait une génération future, qui n'existerait peut-être même pas. Après tout, on ne pouvait pas connaître le futur. Mais la priorité du Survivant, pour le moment du moins, fut de chasser cette pensée débile de son esprit. Cela valait mieux, et il reporta son attention sur Sirius qui lui répondit juste à temps qu'il avait récemment vu Angélique et Rose... Rose Anderson ? Bien que connaissant son nom, Harry réfléchit un instant, fouillant dans sa mémoire à la recherche d'un visage... qu'il crut retrouver. Il répondit alors à son parrain avec un haussement d'épaules:

Je l'ai peut-être croisé une ou deux fois, oui. Mais je n'en suis pas sûr. Anderson c'est ça ? Ce n'est pas une animagus, elle aussi ?

Ou peut-être confondait-il avec il-ne-savait plus-qui. Il n'avait intégré l'Ordre que depuis peu de temps, même s'il connaissait à peu près tout le monde, mais la plupart était absent, en missions pour la plupart... Mais c'était par les "traits" particuliers que la plupart se détachaient des autres. Harry, lui, avait la capacité à parler au serpent, cadeau du défunt Lord Voldemort un an après sa naissance, en plus de la fine cicatrice en forme d'éclair que le Survivant avait sur le front.

Harry hochait frénétiquement la tête lorsque Sirius lui répondit qu'il s'agissait d'une louve. Ce que le jeune homme ignorait en vérité. Tout ce qu'il savait d'elle, c'était ce qu'il venait de dire. En fait, il ne l'avait croisé qu'une ou deux fois dans ce même manoir. Il lui avait à peine adressé la parole. Son parrain, en revanche, semblait mieux la connaître. Son regard fut perdu dans le vague pendant un moment et le Survivant ne voulut pas briser cet instant en parlant de nouveau. Il eut seulement un petit sourire ravi à l'idée que Sirius puisse avoir de la compagnie autre que la sienne. Il avait été si seul pendant si longtemps... Voir du monde même dehors devait lui faire le plus grand bien.

Et en y songeant, Harry s'aperçut que Sirius n'était pas encore venu visiter sa maison. Il l'avait depuis très peu de temps il fallait dire, ce qui avait mis fin à la volonté du jeune homme concernant sa vie au Square Grimmaurd avec son parrain. Mais il avait passé tellement de temps dans cette demeure en sa compagnie qu'il se rendait compte maintenant que lui n'était jamais venu. Après un "je vois" qu'il avait prononcé lorsqu'il tentait de se rappeler du visage de l'animagus, il finit par se lever du lit et fit quelques pas.

Un nouveau silence s'installa alors entre eux... Et pour le rompre, Harry dit le regard fixé sur le blason de Gryffondor accroché à un mur:

Au fait, tu n'es jamais venu chez moi... Pourquoi ne viendrais-tu pas un de ces jours ?

Il se tourna alors vers le concerné, un sourire aux lèvres. Il pensa que ça pourrait être bien pour Sirius de voir de nouveaux endroits... Particulièrement un de ceux où il serait toujours le bienvenu.

Harry hocha la tête à la réponse de Sirius, un sourire aux lèvres. Il lui tardait également qu'il y vienne, dans cette fameuse maison. Il connaissait celle de ses parents, et il verrait enfin la sienne. Et en y songeant, le jeune homme se demanda à quel point la demeure dans laquelle il habitait actuellement était différente de l'autre... Celle dans laquelle il n'avait vécu que la première année de sa vie, et qui avait détruite en même temps que son père et sa mère. Son parrain pourrait sûrement le lui dire, une fois qu'il y mettrait les pieds. Mais à l'avis du Survivant, d'après le peu de souvenirs qui pouvaient lui rester de ses 1 an, la maison de James et Lily avait un style bien plus "sorcier" que la sienne, qui était si semblable aux habitations voisines. Mais elle lui convenait amplement comme ça, après tout, il l'avait choisie.

Oui, il faut absolument que tu viennes... [i]avait répété Harry dans un murmure, pour combler le silence qui s'était de nouveau installé entre eux.

Il finit alors par se relever, et se dirige vers une armoire où semblait être affiché quelque chose, comme une affiche. Il fut alors quelque peu déçu de voir qu'il s'agissait encore d'un poster moldu où se trouvait une femme... Harry eut un sourire amusé. Azkaban avait déjà bien changé son parrain, mais à l'époque où il étudiait encore à Poudlard, il avait toujours eu un esprit plutôt... farceur. Surtout pour ce qui était d'embêter Rogue... Et il fit aussitôt le lien Sirius/James et ce dernier avec Drago et lui-même. Il se tourna alors vers Sirius et répondit alors pour le tenir au courant...

Ah au fait, tu sais qui je croisé dans Londres ? Drago... Je ne sais pas ce qu'il venait là d'ailleurs, ce n'est pas un endroit très fréquenté par des sorciers, encore moins de sang-pur.

Il eut alors une expression perplexe. En y repensant, c'était vrai que le jeune Malefoy n'avait à priori aucune raison de se trouver dans le coin à ce moment-là. Et puis, le Survivant aurait préféré de loin que l'ex-Serpentard le surprenne dans une telle position que celle dans laquelle il se trouvait alors. Ses lunettes avaient failli y passer. Mais il eut un alors un haussement d'épaules. Malefoy en lui-même n'était pas un garçon très dangereux... ni courageux. Il avait toujours été très couard.